mardi 2 février 2016

Ainsi va la vie…

                    


 Cette histoire pourrait être un conte, et pourtant, elle est vraie…

La nature l’avait faite autrement
Elle était une princesse dans son genre
Mes yeux d’enfant ne comprenaient pas
Pourquoi son dos était différent du nôtre
Ma sensibilité n’acceptait pas de la voir courbée
J’avais envie de pleurer en la regardant mais,
Je n’osais pas, afin que ma peine ne l’atteigne

Embarrassée, un jour je finis par lui poser
Cette question : «  souffres-tu de ton apparence ? »
Avec son petit sourire aguichant, elle me répondit :
« Non mon enfant, mon handicap, j’y suis habituée
Il fait partie de ma personnalité, il m’est familier
Ne t’inquiète pas fillette, je ne me préoccupe plus
Des yeux indiscrets, des regards singuliers ! »

Sa réponse était parfumée de délicatesse
Pour me réconforter et surtout me rassurer
Lorsqu’elle me regardait, son visage pâle creusé
Avait la douceur d’un ange ou d’une tourterelle
Elle me cajolait de sa douceur sous son aile
Pourquoi ? Je ne sais pas, je n’étais que sa voisine
J’étais l’oisillon qui lui rappelait sans doute les siens

Une forte amitié est née entre elle et moi
Elle m’offrait son amour et ses connaissances
En me faisant découvrir les fruits de son jardin
Son âme était maternelle, une vocation chez elle
Elle me racontait des histoires, en passant ses mains
Dans mes longs cheveux, souvent,  je m’endormais
Elle était heureuse de ma présence en buvant son café

Puis j’ai grandi, elle a vieilli, la fatigue était présente
Elle devait souvent se reposer, j’ai fini par comprendre
Que la fin de sa vie arrivait doucement, je n’osais y penser
Je voulais l’aider, et me rendre utile à lui faire ses courses

Il m’est arrivé de l’habiller, de la coiffer, elle me souriait
Des moments inouïs de reconnaissance, qu’elle appréciait
Pour me récompenser, une friandise était déposée sur la table

Je me souviens de cette sucette au nom de « Choupetta »
Comme j’aimerais retrouver le goût de ce chocolat
En souvenir de cette période marquante de mon enfance.
Puis, vint le jour ou ses forces ont fini par l’abandonner
Elle n’arrivait plus à se lever, il était temps pour elle
De larguer les amarres, l’heure arrivait franchement
D'avancer vers l’autre monde, elle me manquait déjà !

Avant de s’endormir, elle a eu le temps de me demander
D’avoir  de temps en temps une petite pensée pour elle

Les années ont passé, elle est toujours dans mon cœur
Ainsi va la vie…Pourtant, elle n’était que ma voisine 
Elle avait le prénom d’une Sainte, je prie parfois pour elle
Pour encore lui dire : « Merci » J’espère que là-haut 

Elle reçoit le silence de mes paroles, oui je l'espère!

D.Isabelle






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