vendredi 16 novembre 2012

A travers le temps…


Elle s’appelait Thérèse
Marchait le dos un peu vouté
Portait le petit chignon recouvert d’un foulard
Son tablier ne la quittait jamais
Son visage était sillonné par la dureté de la vie
Son charme était dans la douceur de son regard

Son mari avait le plus beau prénom existant « Aimé »
Aimé était un petit fermier
Marchant encore avec les sabots de bois aux pieds
Recouvert d’un large pantalon en velours
On l’entendait de loin quand il se déplaçait
Tous deux, vivaient comme au temps passé !

Le poil dans leur cuisine
Au bois et au charbon
Fonctionnait été comme hiver
Aimé l’activait à le faire rougir pour que Thérèse
Puisse laisser ses casseroles mijoter
Pour les repas de midi et soir
La bouilloire sur le côté
Sifflotait quand l’eau bouillonnait

Assis près de la fenêtre
Ils attendaient avec patience
Les visites éventuelles
Ils n’avaient pas la télé
Dès qu’ils pouvaient faire rentrer
Une personne du voisinage
Pour bavarder un peu
Leur joie ne mentait pas
Elle accélérait le battement de leur cœur
De contentement d’avoir de la compagnie

Aussitôt, la chaise était avancée
Le petit café proposé
Sans détour
Il fallait accepter
Pour ne pas les vexer
Un moment inouï
Un grand bonheur
De les voir ensemble s’agiter
La préparation du café chez eux
Etait tout un art !

Avec fierté,
Thérèse attrapait le vieux moulin en bois
Sur le dessus de la haute cheminée
Elle le posait entre ses genoux
Et faisait chanter la manivelle
En la tournant d’un mouvement régulier
Son moulin devenait instrument
Sa musique broyait les grains
Pour retomber moulu dans le petit tiroir
L’arôme de la poudre noire
Se répandait dans toute la maison
A la nouvelle année, son moulin
Tournait toute la journée !

Thérèse a aimé son Aimé toute sa vie
Un couple hors du commun
Leur façon de vivre
Etait démodée, authentique
Mais ils étaient heureux
Ils ne manquaient de rien
Ils étaient sensibles
A tous les événements du quartier
L’amour discret se lisait
A la manière de se regarder

A travers le temps
En y repensant,
Je trouve qu’ils ont eu raison
De ne rien changer à leur façon d’être
Ils étaient l’exemple même
De prouver que l’on pouvait vivre
La mine radieuse avec pas grand-chose
Belle leçon de vie…

Mon cœur se serre en leur rendant hommage
Le vieux moulin m’avait tellement fascinée
Pour le plaisir, j’en ai acheté un
Dans une brocante
Il est posé sur le bord de ma cheminée
En le regardant, je pense à eux!
Ces personnes
M’ont appris au moins une chose
D’accepter le déroulement de ma vie
Sans me plaindre, dans les bons
Comme dans les mauvais moments !

D.Isabelle



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